La restauration des cours d’eau, encouragée par la Directive Cadre sur l’Eau (2000), se traduit par des changements brutaux du paysage fluvial, comme la modification du tracé du chenal ou la revégétalisation des berges. L’évaluation de telles opérations suppose de réaliser un suivi physique mais aussi social, pour comprendre comment les riverains réceptionnent les projets de restauration.
Cette étude porte sur l’acceptation des évolutions paysagères de l’Yzeron : cette rivière du Grand Lyon a été particulièrement artificialisée et provoque de fréquentes inondations auxquelles un projet d’aménagement s’efforce de remédier. L’étude s’appuie sur plusieurs enquêtes par questionnaires et entretiens, des documents d’archives ainsi que les dossiers de concertation et d’enquête publique. Si le paysage ne constitue pas l’épine dorsale du projet de restauration, les résultats soulignent la vive attention que les riverains lui portent : la majorité d’entre eux dénonce l’artificialisation de la rivière et pense que les opérations amélioreront la qualité paysagère. De fait, le projet d’aménagement, initialement hydraulique, a évolué en intégrant des volets écologiques, paysagers et récréatifs. La reconnaissance progressive du caractère multifonctionnel de cette rivière urbaine n’a cependant pas placé la question du paysage au centre d’un débat public. Or, les résultats des enquêtes révèlent un hiatus entre les représentations des gestionnaires et celles des riverains. Dans la perspective d’une gestion intégrée, il serait donc souhaitable de favoriser la participation citoyenne autour de la gestion du paysage fluvial, dont les critères d’évaluation varient d’un acteur à l’autre en milieu urbain.